5 idées reçues sur le revenu de base et comment les contrer

5 idées reçues sur le revenu de base

Guide pour utopistes assumé·e·s

Les sourcils froncés, un regard condescendant et un petit ricanement. A chaque fois que vous évoquez le revenu universel devant vos ami·e·s, familles ou collègues (pour les plus téméraires d’entre vous) vous déclenchez toujours les mêmes réactions : « Le revenu de base ? Mais ça ne marcherait jamais ! » ou encore « C’est beau de rêver ! Mais comment on le finance ?! ».

Pourtant, vous croyez en sa mise en œuvre. Et vous avez raison ! Car rarement une idée aura été aussi peu explorée sous prétexte qu’elle est impossible. Heureusement que nos ancêtres ne se sont pas arrêté·e·s à cela quand elles et ils se sont battu·e·s pour les congés payés ou le salaire minimum !

Voici donc un petit guide sur comment contrer 5 idées reçues sur le revenu de base !

#1 : le revenu de base favorise la paresse / l’oisiveté/ l’assistance (pick your poison !)

Parmi les plus grand·e·s détracteur·ice·s du revenu universel, la même rengaine, encore et toujours : le versement d’un revenu de base encouragerait la paresse et pousserait les gens à ne pas travailler. En effet, c’est bien connu, les gens ne travaillent que pour l’argent et la seule valeur du travail est économique et non sociale ou intellectuelle.

Vous l’aurez compris, beaucoup de désinformation dans cette idée reçue. Au contraire, toutes les expérimentations du revenu de base ont montré, sans exception, que le versement d’un revenu de base favoriserait l’activité économique.

Loin d’éloigner les gens du marché du travail, le revenu de base permet au contraire aux gens de le réinvestir, par la formation ou le lancement de leur propre activité !

Par ailleurs, si on élargit la définition de travail, pour ne pas parler uniquement d’emploi rémunéré, le revenu de base permet aux gens de se consacrer à d’autres activités (associatives, sportives), certes non-économiques, mais à forte valeur ajoutée sociale et qui contribuent à leur bien-être. On est bien loin de l’image du paresseux qui dilapide son argent.

#2 : le revenu de base remet en cause la valeur travail

Aaaah la fameuse « valeur » travail. Celle qui nous définit en tant que communauté, bien ancrée dans une vision de la société… des années 1950.

Grandeur et décadence de la valeur travail – Agoravox – Loup Rebel (2013)

En effet, de l’eau a coulé sous les ponts et la réalité de l’emploi (et du chômage), étroitement liée à l’idéologie de la croissance infinie, n’est plus la même qu’il y a des décennies. De nouvelles générations désabusées par les fameux bullshit jobs (comme décrit par David Graeber), métiers qui n’ont aucune valeur ajoutée, oscillent entre le burn-out et le bore-out, à la recherche de sens. A l’aune de 2022, où une partie des cadres a découvert le télétravail à marche forcée, il est donc grand temps de repenser la « valeur » travail.

Le revenu de base permettrait notamment de décorréler la définition du travail de celle de l’emploi pour revaloriser le travail non-économique, parfois créateur de beaucoup plus de valeur ajoutée sociale (puisque l’économie est quelque peu déconnectée du bien-être social ces temps-ci).

Le revenu de base permettrait donc de libérer du temps pour faire des activités plus utiles au bien commun. A minima, les expérimentations ont montré qu’il permettait aux gens d’améliorer leur bien-être en réduisant leur niveau de stress et de fatigue, bien souvent lié à leur emploi.

#3 : le revenu de base n’est pas finançable – cela coûterait trop cher à l’État

La question du financement d’une telle mesure est au cœur des débats car aucun mode de financement n’a été défini précisément. Cela signifie donc que le champ des possibles reste ouvert !

Plusieurs modalités de financement réalistes pour augmenter les recettes de l’État ont été évoquées et sont régulièrement débattues : un financement par l’impôt (réforme de la CSG ou de la TVA), une taxation des profits des entreprises, une taxe sur le patrimoine ou encore sur les gros pollueurs…

De plus, l’existence d’un revenu universel rendrait certaines aides sociales (les aides au logement par exemple) caduques, réduisant en partie les dépenses de l’État.

Le cas de l’Alaska est l’un des plus originaux : la dividende donnée annuellement à ces citoyen.ne.s est issue des revenus de l’exploitation du pétrole comme droit d’usage des ressources naturelles. Même si cette solution n’est pas compatible avec les impératifs environnementaux, qui nécessitent la fin de l’exploitation des énergies fossiles, il s’agit néanmoins d’une manière originale de trouver des financements pour le bien commun !

#4 : avec le revenu de base, personne ne voudra être dans des emplois peu qualifiés

Certaines expérimentations ont montré que les personnes bénéficiant du revenu de base l’utilisaient souvent pour reprendre leurs études ou entamer une formation afin de d’obtenir un emploi plus qualifié.

Cette supposition repose sur le fait que dans la société actuelle, les emplois peu qualifiés sont peu rémunérés et peu valorisés socialement. Si les postes peu qualifiés mais à forte valeur ajoutée (comme chauffeur de bus par exemple) était valorisés socialement, et était auréolés du même prestige qu’avocat ou chef d’entreprise, s’ils étaient également valorisés économiquement en fonction de leur utilité sociale, alors leur faible niveau de qualification ne serait pas un problème.

Donc le problème ne réside pas tant dans le revenu universel, mais dans la faible valorisation sociale et économique des emplois peu qualifiés.

#5 : le revenu de base détruirait les avancées sociales et les mécanismes de solidarité

Parce que le revenu de base n’exigerait pas de contrepartie ni de réciprocité, il conduirait vers une individualisation de la société tout en détruisant les mécanismes de solidarité.

Cependant, cette vision ne prend pas en compte le fait que le revenu de base ne viendrait pas en remplacement de mécanismes sociaux déjà existants, mais viendrait plutôt compléter la palette d’outils dont dispose l’État.

En effet, le revenu de base ne peut pas être pensé comme la solution miracle, le coup de baguette magique, pour organiser tous les rapports sociaux.

Même avec un revenu de base, les inégalités structurelles (liées au patrimoine, à l’héritage, aux revenus) seront toujours présentes dans la société et certaines situations (mère célibataire par exemple) nécessiteront toujours des aides sociales. Par contre, le revenu de base permettrait en effet d’éradiquer l’extrême pauvreté en donnant un socle de dignité commun à tous les citoyen.ne.s, qui leur permettrait notamment de pouvoir pleinement jouir de leurs droits humains comme le droit au logement, à la nourriture, à l’eau potable.

Toujours pas convaincu·e ? Alors quel autre moyen nous reste-t-il que d’essayer pour en tirer des leçons ?

👉 Participez à notre expérimentation !